Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/544

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L’autre est folle de la science,
Et court après les beaux esprits,
Par le charme de leurs écrits.
Telle est si folle de sagesse,
Qu’elle en méprise la jeunesse,
Et se fait une vanité
De plaire à notre gravité.
Il est vrai que cette chimère
N’est pas aux femmes ordinaire,
Et qu’on leur voit des appétits
Rarement pour les cheveux gris ;
Mais leur incertaine nature,
Pour nous rompre toute mesure,
A le caprice, quelquefois,
D’aimer sagesse, honneur et lois.
Une impertinente adorable
Écoutera de vieux mortels,
Qui vont révérer ses autels ;
Et quelque sotte inexorable,
Pensant donner à ses appas
La gloire de notre trépas,
Nous laissera goûter ses charmes
Sans qu’il nous en coûte des larmes.
Il est mille chemins ouverts
Pour arriver à leurs travers ;
Mais laissons la galanterie
Pour une jeunesse fleurie,
Et n’espérons pas, étant vieux,
De gagner le cœur par les yeux.
Que l’esprit soit notre conquête ;
Tâchons d’assujettir la tête,
Et qu’un ascendant de raison
Tienne la leur comme en prison.