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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/59

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voir les fautes passées, leur promit le gain du combat, s’ils le vouloient mettre à la tête de leurs troupes.

Dans un misérable état, où l’on désespère de toutes choses, on prend confiance en autrui plus aisément qu’en soi-même. Ainsi les jalousies fatales au mérite des étrangers, vinrent à céder à la nécessité ; et les plus puissants, pressés de l’appréhension de leur ruine, s’abandonnèrent à la capacité de Xantippe, sans envie. Je ferois une histoire, au lieu d’alléguer un exemple, si je m’étendois davantage : il suffit de dire que Xantippe s’étant rendu maître des affaires, changea tout dans l’armée des Carthaginois, et sut si bien se prévaloir de l’ignorance des Romains, qu’il remporta sur eux une des plus entières victoires qui se soient jamais gagnées. Les Carthaginois, hors de péril, furent honteux de devoir leur salut à un étranger ; et revenant à la perfidie de leur naturel, ils crurent pouvoir étouffer leur honte, en se défaisant de celui qui les avoit défaits des Romains. On ne sait pas bien s’ils le firent périr, ou s’il fut assez heureux pour leur échapper2 ; mais


2. Appien dit que les Carthaginois renvoyèrent Xantippe dans leurs galères, avec de beaux présents, mais qu’ils donnèrent ordre aux capitaines des galères de le faire jeter dans la mer, avec tous les autres Lacédémoniens. Appien, de bell. punic.