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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/65

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Mais, que sait-on si Fabricius ne suivoit pas son humeur ? Il y a des gens qui trouvent de l’embarras dans la multitude et dans la diversité des choses superflues, qui goûteroient en repos, avec douceur, les commodes, et même les nécessaires. Cependant, les faux connoisseurs admirent une apparence de modération, quand la justesse du discernement feroit voir le peu d’étendue d’un esprit borné, ou le peu d’action de quelque âme paresseuse. À ces gens-là, se passer de peu, c’est se retrancher moins de plaisirs que de peines. Je dirai plus : quand il n’est pas honteux d’être pauvre, il nous manque moins de choses, pour vivre doucement dans la pauvreté, que pour vivre magnifiquement dans les richesses. Pensez-vous que la condition d’un religieux soit malheureuse, lorsqu’il est considéré dans son ordre, et qu’il a de la réputation dans le monde ? Il fait vœu d’une pauvreté qui le délivre de mille soins, et ne lui laisse rien à désirer qui convienne à sa profession et à sa vie. Les gens magnifiques, pour la plupart, sont les véritables pauvres ; ils cherchent de l’argent, de tous côtés, avec inquiétude et avec chagrin, pour entretenir les plaisirs des autres ; et, tandis qu’ils exposent leur abondance, dont les étrangers jouissent plus qu’eux, ils sentent, en secret, leur nécessité avec leurs femmes et leurs enfants, et par l’im-