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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/66

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portunité des créanciers qui les tyrannisent, et par le méchant état de leurs affaires, qu’ils voient ruinées.

Revenons à nos Romains, dont nous nous sommes insensiblement éloignés. Admire qui voudra la pauvreté de Fabricius ; je loue sa prudence, et le trouve fort avisé, de n’avoir eu qu’une salière d’argent, pour se donner le crédit de chasser du sénat un homme1 qui avoit été deux fois consul, qui avoit triomphé, qui avoit été dictateur ; parce qu’on en trouva chez lui quelques marcs davantage2. Outre que c’étoient les mœurs de ce temps-là, le vrai intérêt étoit de n’en avoir point d’autre que celui de la république.

Les hommes ont établi la société, par un esprit d’intérêt particulier : cherchant à se faire une vie plus douce et plus sûre, en compagnie, que celle qu’ils menoient, en tremblant dans les solitudes. Tant qu’ils y trouvent, non-seulement la commodité, mais la gloire et la puissance, sauroient-ils mieux faire que de se donner tout à fait au public, dont ils tirent tant d’avantage ?

Les Décius, qui se dévouèrent, pour le bien d’une société dont ils alloient n’être plus, me


1. P. Cornelius Rufinus.

2. Quinze marcs d’argent.