Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/75

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chez les Espagnols et chez les Gaulois, après la ruine de ce misérable peuple. Le mépris des nations, dont ils furent piqués, les tira de cet assoupissement, et la descente d’Annibal en Italie réveilla leur ancienne vigueur. Ils firent la guerre quelque temps avec beaucoup d’incapacité, et un grand courage ; quelque temps avec plus de suffisance, et moins de résolution. Enfin la bataille de Cannes perdue leur fit retrouver leur vertu, et en excita, pour mieux dire, une nouvelle, qui les éleva encore au-dessus d’eux-mêmes.


CHAPITRE VII.
De la Seconde guerre Punique.

Pour voir la république dans toute l’étendue de sa vertu, il faut la considérer dans la seconde guerre de Carthage. Elle a eu, auparavant, plus d’austérité ; elle a eu, depuis, plus de grandeur ; jamais, un mérite si véritable. Aux autres extrémités où elle s’est trouvée, elle a dû son salut à la hardiesse, à la valeur, à la capacité de quelque citoyen. Peut-être que sans Brutus il n’y auroit pas eu même de république. Si Manlius n’eût pas défendu le Capitole, si Camille ne fût venu le secourir, les Romains, à peine libres, tomboient sous la servitude des Gaulois.