Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regardoit Annibal comme l’ennemi commun. Quand celui-ci envoyoït demander des hommes et de l’argent, pour le maintien de l’armée : que demanderoit-il, disoit Hannon, s’il avait perdu la bataille ? Non, non, Messieurs: ou c’est un imposteur qui nous amuse par de fausses nouvelles, ou un voleur public qui s’approprie les dépouilles des Romains et les avantages de la guerre. Ces oppositions troubloient du moins les secours, quand elles ne pouvoient en empêcher la résolution. On exécutoit lentement ce qui avoit été résolu avec peine. Le secours, enfin préparé, demeuroit longtemps à partir. S’il étoit en chemin, on envoyoit ordre de l’arrêter en Espagne, au lieu de le faire passer en Italie. Il n’arrivoit donc quasi jamais ; et lorsqu’il venoit joindre Annibal, ce qui étoit un miracle, Annibal ne le recevoit que foible, ruiné et hors de saison.

Ce général étoit presque toujours sans vivres et sans argent, réduit à la nécessité d’être éternellement heureux, dans la guerre : nulles ressources au premier mauvais succès, et beaucoup d’embarras dans les bons, où il ne trouvoit pas de quoi entretenir diverses nations, qui suivoient plutôt sa personne, qu’elles ne dépendoient de sa république.

Pour contenir tant de peuples différents, il ajoutoit à sa naturelle sévérité une cruauté