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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/81

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nibal, et le tiens encore au-dessus de l’entreprise.

Les François admirent particulièrement la guerre des Gaules, et par la réputation de César, et parce que s’étant faite en leur pays, elle les touche d’une idée plus vive que les autres. Cependant, à en juger sainement, elle n’approche en rien, de ce qu’a fait Annibal, en Italie. Si César avoit trouvé, parmi les Gaulois, l’union et la fermeté que trouva celui-ci, parmi les Romains, il n’eût fait sur eux que de médiocres conquêtes ; car il faut avouer qu’Annibal rencontra d’étranges difficultés, sans compter celles qu’il portoit avec lui-même. Le seul avantage sur lequel il pouvoit raisonnablement se fonder, étoit la bonté de ses troupes et sa propre suffisance.

Il est certain que les Romains avoient pris une grande supériorité sur les Carthaginois, dans la guerre de Sicile ; mais la paix leur ayant fait licencier leur armée, ils perdoient insensiblement leur vigueur, tandis que leurs ennemis, occupés en Espagne et en Afrique, mettoient en usage leur valeur, et acquéroient de l’expérience.

Ce fut donc avec un vieux corps qu’Annibal vint attaquer l’Italie, et avec une vieille réputation, plus qu’avec de vieilles troupes, que les Romains se virent obligés de la défendre.