Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/9

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d’Harcourt est venu, soit comme loup, soit comme lion, mais toujours en bête ravissante, pour nous dévorer : nous n’avons pas voulu lui ouvrir nos portes, de peur de recevoir l’ennemi dans nos entrailles ; pour toute grâce, nous lui avons laissé faire le tour de nos murs[1], ce qu’il a fait, en jetant sur nous des yeux tout étincelants de colère, tanquam leo rugiens. Pour vous, grand prince, vous êtes venu en véritable berger, pour mettre à couvert toute votre bergerie ; bonus pastor ponit animam pro ovibus suis. Il est trop vrai que vous en userez de même ; atque ideo, monseigneur, nous vous commettons la garde de cette ville et le salut de toute la province ; c’est à vous à veiller à notre conservation, et à nous d’aider vos soins de toutes les assistances qui sont en notre pouvoir.

La harangue finie, M. de Longueville se leva, et, après avoir salué chaque particulier, avec son affabilité ordinaire, il sortit du palais, accompagné de ses amis et suivi du peuple, qui le conduisoit avec de nouvelles acclamations.

Messieurs du parlement, faisant réflexion sur

  1. « La reine envoya aussi le comte d’Harcourt, avec les provisions du gouvernement de Normandie, pour se saisir de la ville de Rouen. Ce prince… s’arrêta au conseil du premier président, qui le fit demeurer au faubourg, etc. » Mémoires de madame de Motteville, t. II, pag. 314, éd. citée.