Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/10

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la joie qu’avoient eue les bourgeois de recevoir leur gouverneur, commencèrent de craindre une servitude entière ; et, pour empêcher ce malheur-là, ils firent dessein d’assurer leurs conditions avec lui ; mais, soit que M. de Longueville eût pénétré leur intention, soit pour établir une entière confiance, il les voulut prévenir, et les assurer qu’ils auroient toujours la disposition de toutes choses. Il leur dit que les affaires dont il s’agissoit, étoient proprement celles des parlements, et non pas les siennes ; qu’il ne vouloit ni ne devoit avoir autre emploi que celui de conduire une armée, pour le bien de l’État, et pour leur service particulier ; que toutes les levées se feroient par leurs ordres ; qu’ils établiroient eux-mêmes des commissaires de leur compagnie, pour la recette, et pour la distribution des deniers ; et enfin, que comme ils avoient le principal intérêt au succès des affaires, il étoit raisonnable qu’ils eussent une entière participation de tous les conseils.

Ces Messieurs lui rendirent grâce de l’honneur qu’il leur faisoit ; l’assurèrent qu’ils donneroient autant d’Arrêts qu’il voudroit, sans rien examiner ; qu’étant tuteurs des rois, ils disposeroient à son gré du bien du pupille ; qu’ils hasarderoient toutes choses pour son service, à condition qu’il feroit supprimer le Semestre, et remettroit la compagnie dans son ancien