Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/91

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C’est ce qui arriva à Annibal et à son armée, qui ne manquoit pas de l’imiter, dans le relâchement, puisqu’elle l’avoit bien imité, dans les fatigues.

Ce ne furent donc plus que bains, que festins, qu’inclinations et attachements. Il n’y eut plus de discipline, ni par celui qui devoit donner les ordres, ni dans ceux qui devoient les exécuter. Quand il fallut se mettre en campagne, la gloire et l’intérêt réveillèrent Annibal, qui reprit sa première vigueur, et se retrouva lui-même ; mais il ne retrouva plus la même armée. Il n’y avoit que de la mollesse et de la nonchalance. S’il falloit souffrir la moindre nécessité, on regrettoit l’abondance de Capoue ; on songeoit aux maîtresses, lorsqu’il falloit aller aux ennemis ; on languissoit des tendresses de l’amour, quand il falloit de l’action et de la fierté pour les combats. Annibal n’oublioit rien qui pût exciter les courages : tantôt par le souvenir d’une valeur qu’on avoit perdue, tantôt par la honte des reproches où l’on ètoit insensible.

Cependant les généraux des Romains devenoient plus habiles, tous les jours ; les légions prenoient l’ascendant sur des troupes corrompues ; et il ne venoit de Carthage aucun secours qui put ranimer une armée si languissante.

Mais plus Annibal trouvoit de vigueur parmi