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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/96

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pent les yeux ou l’imagination de tout le monde. Le bon sens n’est admiré quasi de personne, pour n’être connu que par des réflexions que peu de gens savent faire. Revenons à notre Annibal.

Si le métier de la guerre, tout éclatant qu’il est, méritoit seul de la considération, je ne vois personne, chez les anciens, qu’on put raisonnablement lui préférer : mais celui qui le sait le mieux, n’est pas nécessairement le plus grand homme. La beauté de l’esprit, la grandeur de l’âme, la magnanimité, le désintéressement, la justice, une capacité qui s’étend à tout, font la meilleure partie du mérite de ces grands hommes.

Savoir simplement tuer des gens, être plus entendu que les autres à désoler la société et à détruire la nature, c’est exceller dans une science bien funeste. Il faut que l’application de cette science soit juste, ou du moins honnête ; qu’elle se tourne au bien même de ceux qu’elle assujettit, s’il est possible : toujours à l’intérêt de son pays, ou à la nécessité du sien propre.


de Lorraine avec douze mille, résolut de faire retirer le roi en Bourgogne, ne le croyant pas en sûreté, à Paris. M. de Turenne ne se trouvoit pas alors au conseil ; mais ayant appris cette résolution, il s’y rendit incessamment et dit aux ministres que si le roi quittoit Paris, il n’y rentreroit jamais, et qu’il falloit y vaincre ou périr. Cela obligea le conseil de changer d’avis. » (Des Maizeaux.)