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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/124

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nouveaux essais sur l’entendement

mière et de chaleur, qui sont des perceptions en moi, ne sont point dans le soleil d’une autre manière que les changements produits dans la cire ; lorsqu’elle est blanchie ou fondue.

Th. Quelques-uns ont poussé cette doctrine si loin, qu’ils ont voulu se persuader que, si quelqu’un pouvait toucher le soleil, il n’y trouverait aucune chaleur. Le soleil imité, qui se fait sentir dans le foyer d’un miroir ou d’un verre ardent, en peut désabuser les gens. Mais, pour ce qui est de la comparaison entre la faculté d’échauffer et celle de fondre, j’oserais dire que, si la cire fondue ou blanchissante avait du sentiment, elle sentirait aussi quelque chose d’approchant à ce que nous sentons quand le soleil nous échauffe et dirait, si elle pouvait, que le soleil est chaud, non pas parce que sa blancheur ressemble au soleil, car lorsque les visages sont hâlés au soleil, leur couleur brune lui ressemblerait aussi, mais parce qu’il y a dans la cire des mouvements qui ont un rapport à ceux du soleil qui les cause. Sa blancheur pourrait venir d’une autre cause, mais non pas les mouvements qu’elle a eus, en la recevant du soleil.

Chap. IX. — De la perception.

§ 1. Ph. Venons maintenant aux idées de réflexion en particulier. La perception est la première faculté de l’âme, qui est occupée de nos idées. C’est aussi la première et la plus simple idée que nous recevions par réflexion. La pensée signifie souvent l’opération de l’esprit sur ses propres idées, lorsqu’il agit et considère une chose avec un certain degré d’attention volontaire ; mais dans ce qu’on nomme perception, l’esprit est pour l’ordinaire purement passif, ne pouvant éviter d’apercevoir ce qu’il aperçoit actuellement.

Th. On pourrait peut-être ajouter que les bêtes ont de la perception et qu’il n’est point nécessaire qu’ils aient de la pensée, c’est-à-dire qu’ils aient de la réflexion ou ce qui en peut être l’objet. Aussi avons-nous des petites perceptions nous-mêmes, dont nous ne nous apercevons point dans notre présent état. Il est vrai que nous pourrions fort bien nous en apercevoir et y faire réflexion si nous n’étions détournés par leur multitude qui partage notre esprit ou si elles n’étaient effacées ou plutôt obscurcies par de plus grandes.

§ 4. Ph. J’avoue que, lorsque l’esprit est fortement occupé à con-