sonne la liberté de prendre le terme de pensée dans la même généralité. Et moi-même je l’aurai peut-être fait quelquefois sans y prendre garde.
Ph. Or, quoiqu’on donne à ces deux choses le nom d’action, on trouvera pourtant qu’il ne leur convient pas toujours parfaitement et qu’il y a des exemples qu’on reconnaîtra plutôt pour des passions. Car, dans ces exemples, la substance en qui se trouve le mouvement ou la pensée reçoit purement de dehors l’impression par laquelle l’action lui est communiquée et elle n’agit que par la seule capacité qu’elle a de recevoir cette impression, ce qui n’est qu’une puissance passive. Quelquefois la substance ou l’agent se met en action par sa propre puissance, et c’est la proprement une puissance active.
Th. J’ai dit-déjà que, dans la rigueur métaphysique, prenant faction pour ce qui arrive à la substance spontanément et de son propre fond, tout ce qui est proprement une substance ne fait qu’agir, car tout lui vient d’elle-même après Dieu ; n’étant point possible qu’une substance créée ait de l’influence sur une autre. Mais, prenant l’action pour un exercice de la perfection et la passion pour le contraire, il n’y a de l’action dans les véritables substances que lorsque leur perception (car j’en donne à toutes) se développe et devient plus distincte, comme il n’y a de passion que lorsqu’elle devient plus confuse ; en sorte que, dans les substances capables de plaisir et de douleur, toute action est un acheminement au plaisir et toute passion un acheminement à la douleur. Quant au mouvement, ce n’est qu’un phénomène réel parce que la matière et la masse à laquelle appartient le mouvement n’est pas à proprement parler une substance. Cependant il y a une image de l’action dans le mouvement, comme il y a une image de la substance dans la masse ; et, à cet égard, on peut dire que le corps agit, quand il y a de la spontanéité dans son changement et qu’il pâtit quand il est poussé ou empêché par un autre ; comme dans la véritable action ou passion d’une véritable substance, on peut prendre pour son action, qu’on lui attribueras elle-même, le changement par où elle tend à sa perfection. Et de même on peut prendre pour passion et attribuer à une cause étrangère le changement par où il lui arrive le contraire ; quoique cette cause ne soit point immédiate, parce que, dans le premier cas, la substance même et dans le second les choses étrangères servent à expliquer ce changement d’une ma-