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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/236

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nouveaux essais sur l’entendement

qu’ils nomment par nom propre et nom de père, et même au delà. C’est ainsi qu’on parlait des chevaux que le grand-seigneur des Turcs avait envoyés à l’empereur après la paix de Carlowitz ; et le feu comte d’Oldenburg, dernier de sa branche, dont les haras étaient fameux, et qui a vécu fort longtemps, avait des arbres généalogiques de ses chevaux, de sorte qu’ils pouvaient faire preuve de noblesse, et allaient jusqu’à avoir des portraits de leurs ancêtres (imagines majorum), ce qui était tant recherche chez les Romains. Mais, pour revenir aux hommes, il y a chez les Arabes et les Tartares des noms de tribus, qui sont comme de grandes familles qui se sont fort amplifiées par la succession des temps. Et ces noms sont pris ou du progéniteur, comme du temps de Moïse, ou du lien d’habitation, ou de quelque autre circonstance. M. Worsley, voyageur observatif, qui s’est informé de l’état présent de l’Arabie Déserte, où il a été quelque temps, assure que dans tous le pays entre l’Égypte et la Palestine, et où Moïse a passé, il n’y a aujourd’hui que trois tribus, qui peuvent aller ensemble à 5,000 hommes, et qu’une de ces tribus s’appelle Sali, du pro géniteur (comme je crois), dont la postérité honore le tombeau, comme celui d’un saint, en y prenant de la poussière que les Arabes mettent sur leur tête et sur celle de leurs chameaux. Au reste, consanguinité est quand il y a une origine commune de ceux dont on considère la relation ; mais on pourrait dire qu’il y a alliance ou affinité entre cieux personnes, quand ils peuvent avoir consanguinité avec une même personne, sans qu’il y en ait pour cela entre eux, ce qui se fait par l’intervention des mariages. Mais, comme on n’a point coutume de dire qu’il y a affinité entre mari et femme, quoique leur mariage soit cause de l’affinité par rapport in d’autres personnes, il vaudrait peut-être mieux de dire qu’affinait est entre ceux qui auraient consanguinité entre eux, si mari et femme étaient pris pour une même personne.

§ 3. Ph. Le fondement d’un rapport est quelquefois un droit moral, comme le rapport d’un général d’armée ou d’un citoyen. Ces relations, dépendant des accords que les hommes ont faits entre eux, sont volontaires ou d’institution, que l’on peut distinguer des naturelles. Quelquefois les deux corrélatifs ont chacun son nom, comme patron et client, général et soldat. Mais ou n’en a pas toujours : comme, par exemple, on n’en a point pour ceux qui ont rapport au chancelier.

Th. Il y a quelquefois des relations naturelles que les hommes ont