laisse subsister en dehors d’elle l’activité propre des créatures, et les dirige sans les absorber. Ce système se ramène donc à trois points principaux : 1° Il fait prédominer l’idée de force sur l’idée de substance, ou plutôt il ramène la substance à la force ; 2° Il ne voit dans l’étendue que le mode d’apparition de la force, et compare les corps d’éléments simples et inétendus plus ou moins analogues, sauf le degré, à ce qu’on appelle l’âme ; 3° Enfin, elle voit dans les forces, non seulement comme les savants, des agents généraux, ou les modes d’action d’un agent universel, mais des principes individuels, à la fois substances et causes, qui sont inséparables de la matière, ou plutôt qui constituent la matière même. Le dynamisme ainsi entendu n’est que le spiritualisme universel.
J’ai examiné dans ce travail les diverses difficultés que l’on peut élever contre la monadologie leibnizienne du point de vue du spiritualisme cartésien. Il y aurait encore à examiner la question du point de vue de ceux qui nient la pluralité des substances, c’est-à-dire du point de vue spinoziste ou panthéiste. Mais c’est ici un tout autre ordre d’idées, et que nous ne pouvous aborder ici sans étendre démesurément ce travail. Contentons-nous de dire que la force du système de Leibniz est dans le fait de l’individualité, dont les partisans de l’unité de substance n’ont jamais pu donner l’explication. Ici, à la vérité, il faut passer de l’objectif au subjectif, car c’est dans la conscience surtout que l’individualité se manifeste de la manière la plus éclatante ; dans la nature elle est plus voilée. C’est donc au sein de la conscience individuelle qu’il faut se placer pour combattre le spinozisme ; c’est ce point de vue qui a été particulièrement développé de nos jours par Maine de Biran et par son école. Nous nous contenterons de l’indiquer, ne voulant pas même effleurer un problème qui touche aux plus hautes difficultés de la métaphysique et de la philosophie religieuse.