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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/315

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des mots

incomparablement plus justes. J’ai même remarqué autrefois un autre principe d’égalité qu’on pourrait appliquer aux montres.

Ph. Si quelqu’un veut faire des divisions fondées sur les différences qu’il connaît dans la configuration intérieure, il peut le faire : cependant ce ne seraient point des espèces distinctes par rapport à des gens qui ignorent cette construction.

Th. Je ne sais pourquoi on veut toujours chez vous faire dépendre de notre opinion ou connaissance les vertus, les vérités et les espèces. Elles sont dans la nature, soit que nous le sachions et approuvions, ou non. En parler autrement, c’est changer les noms des choses et le langage reçu sans aucun sujet. Les hommes jusqu’ici auront cru qu’il y a plusieurs espèces d’horloges ou montres, sans s’informer en quoi elles consistent ou comment on pourrait les appeler.

Ph. Vous avez pourtant reconnu il n’y a pas longtemps que, lorsqu’on veut distinguer les espèces physiques par les apparences, on se borne d’une manière arbitraire où on le trouve à propos, c’est-à-dire selon qu’on trouve la différence plus ou moins considérable et suivant le but qu’on a. Et vous vous êtes servi vous-même de la comparaison des poids et des mesures qu’on règle selon le bon plaisir des hommes et leur donne des noms.

Th. C’est depuis le temps que j’ai commencé à vous entendre. Entre les différences spécifiques purement logiques, où la moindre variation de définition assignable suffit, quelque accidentelle qu’elle soit, et entre les différences spécifiques qui sont purement physiques, fondées sur l’essentiel ou immuable, on peut mettre un milieu, mais qu’on ne saurait déterminer précisément ; on s’y règle sur les apparences les plus considérables, qui ne sont pas tout à fait immuables, mais qui ne changent pas facilement, l’une approchant plus de l’essentiel que l’autre ; et, comme un connaisseur aussi peut aller plus loin que l’autre, la chose paraît arbitraire et a du rapport aux hommes, et il paraît commode de régler aussi les noms selon ces différences principales. On pourrait donc dire ainsi que ce sont des différences spécifiques civiles et des espèces nominales, qu’il ne faut point confondre avec ce que j’ai appelé définitions nominales ci-dessus et qui ont lieu dans les différences spécifiques logiques aussi bien que physiques. Au reste, outre l’usage vulgaire, les lois mêmes peuvent autoriser les significations des mots, et alors les espèces deviendraient légales, comme dans les contrats qui sont