appelés nominali, c’est-à-dire désignés par un nom particulier. Et c’est-à-dire comme la loi romaine fait commencer l’âge de puberté à 14 ans accomplis. Toute cette considération n’est point à mépriser ; cependant je ne vois pas qu’elle soit d’un fort grand usage ici, car outre que vous m’avez paru l’appliquer quelquefois où elle n’en avait aucun, on aura à peu près le même effet, si l’on considère qu’il dépend des hommes de procéder dans les sous-divisions aussi loin qu’ils trouvent à propos, et de faire abstraction des différences ultérieures, sans qu’il soit besoin de les nier : et qu’il dépend ainsi d’eux de choisir le certain pour l’incertain, afin de fixer quelques notions et mesures en leur donnant des noms.
Ph. Je suis bien aise que nous ne sommes plus si éloignés ici, que nous le paraissions, § 41. Vous m’accorderez encore, Monsieur, à ce que je vois, que les choses artificielles ont des espèces aussi bien que les naturelles contre le sentiment de quelques philosophes. § 42. Mais, avant que de quitter les noms des substances, j’ajouterai que de toutes les diverses idées que nous avons, ce sont les seules idées des substances qui ont des noms propres ou individuels ; car il arrive rarement que les hommes aient besoin de faire une mention fréquente d’aucune qualité individuelle ou de quelque autre individu d’accident : outre que les actions individuelles périssent d’abord, et que la combinaison des circonstances qui s’y fait ne subsiste point comme dans les substances.
Th. Il y a pourtant des cas où on a eu besoin de se souvenir d’un accident individuel et qu’on lui a donné un nom ; ainsi votre règle est bonne pour l’ordinaire, mais elle reçoit des exceptions. La religion nous en fournit ; comme nous célébrons anniversairement la mémoire de la naissance de Jésus Christ, les Grecs appelaient cet événement Théogénie, et celui de l’adoration des mages Épiphanie ; et les Hébreux appelèrent Passah par excellence le passage de l’ange qui fit mourir les aînés des Égyptiens sans toucher à ceux des Hébreux ; et c’est de quoi ils devaient solenniser la mémoire tous les ans. Pour ce qui est des espèces des choses artificielles, les philosophes scolastiques ont fait difficulté de les laisser entrer dans leurs prédicament : mais leur délicatesse y était peu nécessaire, ces tables prédicamentales devant servir à faire une revue générale de nos idées. Il est bon cependant de reconnaître la différence qu’il y a entre les substances parfaites et entre les assemblages des substances (aggregata) qui sont des êtres substantiels composés ou par