priori la possibilité du défini. Au reste, j’applaudis fort à la doctrine de M. Locke touchant la démonstrabilité des vérités morales.
Le quatrième ou dernier livre, où il s’agit de la connaissance de la vérité, montre l’usage de ce qui vient d’être dit. J’y trouve, aussi bien que dans les livres précédents, une infinité de belles réflexions. De faire là-dessus les remarques convenables, ce serait faire un livre aussi grand que l’ouvrage même. Il me semble que les axiomes y sont un peu moins considérés qu’ils ne méritent de l’être. C’est apparemment parce qu’excepté ceux des mathématiciens, on n’en trouve guère ordinairement qui soient importants et solides : j’ai tâché de remédier à ce défaut. Je ne méprise pas les propositions identiques, et j’ai trouvé qu’elles ont un grand usage même dans l’analyse. Il est très vrai que nous connaissons notre existence par une intuition immédiate, et celle de Dieu par démonstration ; et qu’une masse de matière, dont les parties sont sans perception, ne saurait faire un tout qui pense Je ne méprise point l’argument inventé, il a quelques siècles, par Anselme, archevêque de Cantorbéry[1], qui prouve que l’Être parfait doit exister, quoique je trouve qu’il manque quelque chose à cet argument parce qu’il suppose que l’Être parfait est possible. Car, si ce seul point se démontrait encore, la démonstration tout entière serait entièrement achevée.
Quant à la connaissance des autres choses, il est fort bien dit que la seule expérience ne suffit pas pour avancer assez en physique. Un esprit pénétrant tirera plus de conséquences de quelques expériences assez originaires, qu’un autre ne saurait tirer des plus choisies ; outre qu’il y a un art d’expérimenter et d’interroger, pour ainsi dire, la nature. Cependant il est toujours vrai qu’on ne saurait avancer dans le détail de la physique qu’à mesure qu’on a des expériences.
Notre auteur est de l’opinion de plusieurs habiles hommes, qui tiennent que la forme des logiciens est de peu d’usage. Je serais quasi d’un autre sentiment ; et j’ai trouvé souvent que les paralogismes, même dans les mathématiques, sont des manquements de la forme.
- ↑ Saint Anselme, célèbre philosophe et théologien du moyen âge, né à Aost en 1033, mort archevêque de Cantorhéry en 1109, remarquable surtout par l’invention d’un argument célèbre en faveur de l’existence de Dieu. — Ses deux ouvrages philosophiques sont : le Monologium et le Prostogium. Il y a plusieurs éditions complètes de ses œuvres : 1° in-fol., Nuremberg, 1491 ; 2° in-fol., Paris, par D. Gerberon, 1575 ; 3° réimprimé en 1721 ; 4° in-fol., Venise, 1 vol. 1744.
l’infini (en même temps que Leilbiz). Son principal ouvrage est intitulé : Principia philosophæ naturalis.