rions être assurés d’aucune proposition générale faite sur le sujet de ces substances. Mais, lorsqu’on suppose que les espèces des substances ne sont autre chose que la réduction des individus substantiels en certaines sortes rangées sous divers noms généraux, selon qu’elles conviennent aux différentes idées abstraites que nous désignons par ces noms-là, on ne saurait douter si une proposition bien connue comme il faut est véritable ou non.
Th. Je ne sais, Monsieur, pourquoi vous revenez encore à un point assez contesté entre nous, et que je croyais vidé. Mais enfin j’en suis bien aise, parce que vous me donnez une occasion fort propre, ce me semble, à vous désabuser de nouveau. Je vous dirai donc que nous pouvons être assurés par exemple de mille vérités qui regardent l’or ou ce corps dont l’essence interne se fait connaître par la plus grande pesanteur connue ici-bas, ou par la plus grande ductilité, ou par d’autres marques. Car nous pouvons dire que le corps de la plus grande ductilité connue est aussi le plus pesant de tous les corps connus. Il est vrai qu’il ne serait point impossible que tout ce qu’on a remarqué jusqu’ici dans l’or se trouve un jour en deux corps discernables par d’autres qualités nouvelles et qu’ainsi ce ne fût plus la plus basse espèce, comme on le prend jusqu’ici par provision. Il se pourrait aussi qu’une sorte demeurant rare et l’autre étant commune, on jugeât à propos de réserver le nom de vrai or a la seule espèce rare, pour la retenir dans l’usage de la monnaie par le moyen de nouveaux essais qui lui seraient propres. Après quoi l’on ne doutera point aussi que l’essence interne de ces deux espèces ne soit différente ; et, quand même la définition d’une substance actuellement existante ne serait pas bien déterminée à tous égards (comme en effet celle de l’homme ne l’est pas à l’égard de la figure externe), on ne laisserait pas d’avoir une infinité de propositions générales sur son sujet, qui suivraient de la raison et des autres qualités que l’on reconnaît en lui. Tout ce que l’on peut dire sur ces propositions générales, c’est qu’en cas qu’on prenne l’homme pour la plus basse espèce[1] et le restreigne à la race d’Adam, on n’aura point de propriétés de l’homme de celles qu’on appelle in quarto modo, ou qu’on puisse énoncer de lui par une proposition réciproque ou simplement convertible, si ce n’est par provision ; comme en disant, l’homme est le seul animal raisonnable. Et, prenant