comprendre le comment en détail ; et dans le fond leur conservation n’est autre chose qu’une création continuelle, comme les scolastiques l’ont fort bien reconnu.
Chap. XI. — De la connaissance que nous avons de l’existence des autres choses.
§ 1. Ph. Comme donc la seule existence de Dieu a une liaison nécessaire avec la nôtre, nos idées que nous pouvons avoir de quelque chose ne prouvent pas plus l’existence de cette chose que le portrait d’un homme ne prouve son existence dans le monde. § 2. La certitude cependant que j’ai du blanc et du noir sur ce papier par la voie de la sensation, est aussi grande que celle du mouvement de mes mains, qui ne cède qu’à la connaissance de notre existence et à celle de Dieu. Cette certitude mérite le nom de connaissance. Car je ne crois pas que personne puisse être sérieusement si sceptique que d’être incertain de l’existence des choses qu’il voit et qu’il sent. Du moins, celui qui petit porter ses doutes si avant n’aura jamais aucun différend avec moi, puisqu’il ne pourra jamais être assuré que je dise quoi que ce soit contre son sentiment. Les perceptions des choses sensibles, § 4, sont produites par des causes extérieures qui affectent nos sens, car nous n’acquérons point ces perceptions sans les organes ; et, si les organes suffisaient, ils les produiraient toujours. § 5. De plus, j’éprouve quelquefois que je ne saurais empêcher qu’elles ne soient produites dans mon esprit, comme, par exemple, la lumière, quand j’ai les yeux ouverts dans un lieu où le jour petit entrer ; au lieu que je puis quitter les idées qui sont dans ma mémoire. Il faut donc qu’il y ait quelque cause extérieure de cette impression vive, dont je ne puis surmonter l’efficace. § 6. Quelques-unes de ces perceptions sont produites en nous avec douleur, quoique ensuite nous nous en souvenions sans ressentir la moindre incommodité. Bien qu’aussi les démonstrations mathématiques ne dépendent point des sens, cependant l’examen qu’on en fait le moyen des figures, sert beaucoup à prouver l’évidence de notre vue et semble lui donner une certitude qui approche de celle de la démonstration même. § 7. Nos sens aussi en plusieurs cas se rendent témoignage l’un à l’autre. Celui qui voit le feu, peut le