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nouveaux essais sur l’entendement

tion de l’auteur réformé avait été bonne et juste, il n’y aurait rien eu à dire ; qu’il aurait eu raison de soutenir par rapport à cet article que la lumière du Saint-Esprit pourrait être allumée par la philosophie. Ils ont agité aussi la question fameuse : si ceux qui, sans avoir connaissance de la révélation du Vieux ou Nouveau Testament, sont morts dans des sentiments d’une piété naturelle ont pu être sauvés par ce moyen et obtenir rémission de leurs péchés ? L’on sait que Clément d’Alexandrie[1], Justin martyr[2] et saint Chrysostome[3] en quelque façon y ont incliné, et même je fis voir autrefois à M. Pélisson[4] que quantité d’excellents docteurs de l’Église romaine, bien loin de condamner les protestants non opiniâtres, ont même voulu sauver des païens et soutenir que les personnes dont je viens de parler avaient pu être sauvées par un acte de contrition, c’est-à-dire de pénitence fondée sur l’amour de bienveillance, en vertu duquel on aime Dieu sur toutes choses, parce que ses perfections le rendent souverainement aimable. Ce qui fait qu’ensuite on est porté de tout son cœur à se conformer avec sa volonté et à imiter ses perfections pour nous mieux joindre avec lui, puisqu’il paraît juste que Dieu ne refuse point sa grâce à ceux qui sont dans de tels sentiments. Et sans parler d’Érasme[5] et de Ludovicus

  1. Clément d’Alexandrie, né dans cette ville, selon les uns, à Athènes selon les autres, vers le milieu du second siècle. Il mourut vers 220. — Son principal ouvrage, les Stromates, sont une mine pour l’histoire de la philosophie. — Il y a plusieurs éditions de ses œuvres complètes, La plus estimée est celle d’Oxford, in-fol., 1715 ; la plus récente celle de Leipzig, 4 vol. in-12, 1831-1834. P. J.
  2. Saint Justin, né à Sichem en Palestine, l’an 89 de Jésus-Christ, mort martyr à Rome en 167. Ses principaux ouvrages sont : 1o le Traité de la monarchie ou de l’Unité de Dieu ; 2o le Discours aux Grecs ; 3o les deux Apologies ; 4o Dialogue avec le juif Tryphon. Une des meilleures éditions de ses œuvres complètes est celle de Paris, in-fol., 1636. On en a donné une récente en Allemagne, en 2 vol in-8o. P. J.
  3. Chrysostome (saint Jean), l’un des plus illustres Pères de l’Église, né à Antioche en 341, évêque de Constantinople en 398, mort dans cette ville en 407. Ses œuvres complètes ont été publiées en grec et latin par le P. Montfaucon, 1718, 13 vol. in-fol., et à Eton en 1612 par le chevalier Henri Saville, 9 vol. in-fol. On y remarquera trois livres de la Providence écrits vers 380 ; cinq Homélies sur la mature incompréhensible de Dieu, et un grand nombre d’Homélies sur la morale. P. J.
  4. Pélisson, de l’académie française, né à Béziers en 1624, mort en 1692, célèbre par sa défense de Fouquet et par son Histoire de.l’Académie française, Paris, 1853, in-8o. P. J.
  5. Erasme, célèbre humaniste du XVIe siècle, né à Rotterdam en 1467, voyagea en Italie, en Angleterre, et dans d’autres pays jusqu’en 1521 où il se fixa à Bâle ; il y mourut en 1536. Ses œuvres complètes furent publiées à Bâle (9 vol. in-fol.), et réimprimées à Leyde en 1703, 10 tomes in-fol. Parmi ces