Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/17

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cause de Dieu qu’on plaide, et qu’une des maximes que nous soutenons ici porte que l’assistance de Dieu ne manque pas à ceux qui ne manquent point de bonne volonté. L’auteur de ce discours croit en avoir donné des preuves ici, par l’application qu’il a apportée à cette matière. Il l’a méditée dès sa jeunesse, il a conféré là-dessus avec quelques-uns des premiers hommes du temps et il s’est instruit encore par la lecture des bons auteurs. Et le succès que Dieu lui a donné (au sentiment de plusieurs juges compétents) dans quelques autres méditations pro fondes, et dont il y en a qui ont beaucoup d’influence sur cette matière, lui donne peut-être quelque droit de se flatter de l’attention des lecteurs qui aiment la vérité et qui sont propres à la chercher.

Il a encore eu des raisons particulières assez considérables, qui l’ont invité à mettre la main à la plume sur ce sujet. Des entretiens qu’il a eus là-dessus avec quelques personnes de lettres et de cour, en Allemagne et en France, et surtout avec une princesse des plus grandes et des plus accomplies[1], l’y ont déterminé plus d’une fois. Il avait eu l’honneur de dire ses sentiments à cette princesse sur plusieurs endroits du dictionnaire merveilleux de M. Bayle, où la religion et la raison paraissent en combattantes, et où M. Bayle veut faire taire la rai son après l’avoir fait trop parler ; ce qu’il appelle le triomphe de la foi. L’auteur fit connaître dès lors qu’il était d’un autre sentiment, mais qu’il ne laissait pas d’être bien aise qu’un si beau génie eût donné occasion d’approfondir ces matières aussi importantes que difficiles. Il avoua de les avoir examinées aussi depuis fort longtemps, et qu’il avait délibéré quelquefois de publier sur ce sujet des pensées dont le but principal devait être la connaissance de Dieu, telle qu’il la faut pour exciter la piété et pour nourrir la vertu. Cette princesse l’exhorta fort d’exécuter son ancien dessein, quelques amis s’y joignirent, et il était d’autant plus tenté de faire ce qu’ils demandaient, qu’il avait sujet d’espérer que dans la suite de l’examen les lumières de M. Bayle l’aideraient beaucoup à mettre la matière dans le jour qu’elle pourrait recevoir par leurs soins. Mais plusieurs empêchements vinrent à la traverse ; et la mort de l’incomparable reine ne fut pas le moindre. Il arriva cependant que M. Bayle fut attaqué par d’excellents hommes qui se mirent à examiner le même sujet ; il leur répondit amplement et

  1. Sophie-Charlotte, reine de Prusse, sœur de Georges 1er. P. J.