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RÉFLEXIONS SUR L'OUVRAGE DE M. HOBBES

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sité par hasard. Mal ce qui arrive sans nécessité, n’arrive pas pour cela par hasard, c’est-à-dire sans causes et raisons. o° Que nonobstant que Dieu prévoie qu’un événement arrivera, il n’est pas nécessaire qu’il arrive, Dieu prévoyant les choses, non pas comme futures et comme dans leurs causes, mais comme présentes. Ici on commence bien, et l’on finit mal. On a raison d’admettre la nécessité de la conséquence, mais on n’a point sujet ici de recourir à la question, comment l’avenir est présent à Dieu caria nécessité de la conséquence n’empêche point que l’événement ou le conséquent ne soit contingent en soi.

7. Notre auteur croit que la doctrine ressuscitée par Arminius, ayant été favorisée en Angleterre par l’archevêque Laud (1) et par la cour, et les promotions ecclésiastiques considérables n’ayant été que pour ceux de ce parti, cela a contribué à la révolte, qui a fait que l’évêque et lui se sont rencontrés dans leur exil à Paris chez mylord Newcastle, et qu’ils sont entrés en dispute. Je ne voudrais pas approuver toutes les démarches de l’archevêque Laud, qui avait du mérite, et peut-être aussi de la bonne volonté mais qui paraît avoir trop poussé les presbytériens. Cependant on peut dire que les révolutions, tant aux Pays-Bas que dans la Grande-Bretagne, sont venues en partie de la trop grande intolérance des rigides ; et l’on peut dire que les défenseurs du décret absolu ont été pour le moins aussi rigides que les autres, ayant opprimé leurs adversaires en Hollande par l’autorité du prince Maurice, et ayant fomenté les révoltes en Angleterre contre le roi Charles Ier. Mais ce sont les défauts des hommes, et non pas ceux des dogmes. Leurs adversaires ne les épargnent pas non plus ; témoin la sévérité dont on en a usé en Saxe contre Nicolas Crellius, et le procédé des Jésuites contre le parti de l’évêque d’Ypres (2).

8. M. Hobbes remarque, après Aristote, qu’il y a deux sources des arguments, la raison et l’autorité. Quant à la raison, il dit qu’il admet les raisons tirées des attributs de Dieu, qu’il appelle argumentatifs, dont les notions sont concevables mais il prétend qu’il y en a d’autres ou l’on ne conçoit rien, et qui ne sont que des expressions par lesquelles nous prétendons l’honorer. Mais je ne vois pas

(1) Laud (Guillaume), archevêque de Cantorbéry, né à Reading en 1573, partagea le sort de Charles Ier, aux projets duquel il s’était associé il eut la tête tranchée en 1645. On a de lui des sermons. Londres, 1651, in-8°. P. J.

(2) L’évêque d’Ypres: Jansénius.