Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Ladrange, 1866, tome 2.djvu/563

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On doit donc regarder ces considérations non-seulement comme agréables et consolantes, mais aussi comme très-vraies. Et, en général, je sens qu’il n’y a rien de plus vrai que le bonheur, ni de plus heureux et de plus doux que la vérité.

Et pour ajouter à la beauté et à la perfection générale des œuvres de Dieu, il faut reconnaître qu’il s’opère dans tout l’univers un certain progrès continuel et très-libre qui en améliore l’état de plus en plus. C’est ainsi qu’une grande partie de notre globe reçoit aujourd’hui une culture qui s’augmentera de jour en jour. Et bien qu’il soit vrai que quelquefois certaines parties redeviennent sauvages ou se bouleversent et se dépriment, il faut entendre cela comme nous venons d’interpréter l’affliction, c’est-à-dire que ce bouleversement et cette dépression concourent à quelque fin plus grande de manière que nous profitions en quelque sorte du dommage lui-même.

Et quant à l’objection qu’on pourrait faire, que s’il en est ainsi, il y a longtemps que le monde devrait être un paradis, la réponse est facile. Bien qu’un grand nombre de substances soient déjà parvenues à la perfection, il résulte cependant de la division du continu à l’infini qu’il reste toujours dans l’abîme des choses des parties endormies qui doivent s’éveiller, se développer, s’améliorer, et s’élever, pour ainsi dire, à un degré de culture plus parfait.



de la nature en elle-même
ou
de la puissance naturelle et des actions des créatures
1698

1. J’ai reçu dernièrement du très-illustre Jean Christophore Sturm, qui a si bien mérité des sciences mathématiques et physiques, l’apologie qu’il a publiée à Alfort pour sa dissertation De Idolo natura, et qu’a attaquée Gont. Christophe Schelhammer, l’éminent et spirituel médecin de Kiel, dans son livre sur la nature. Comme j’avais examiné autrefois la même question, et que j’ai eu par lettres quelques discussions à ce sujet avec l’éminent auteur de la dissertation, ainsi qu’il en a fait mention dernièrement d’une manière très-honorable pour moi, en rappelant publiquement quelques détails de notre correspondance dans le premier tome de sa Physique élective (L. I, sect. i, chap. 3 ; épilog., § v, pag. 119, 120), je n’en ai été