Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XLV.

Asseché du regret qui me ronge le cœur,
Tristement estongné du beau tour de ta veue,
Il faut ou que je cede au doux soin qui me tue,
Ou qu’estant plain d’Amour, je sois franc de langueur.

Mais, las ! il ne se peut, car l’amoureuse ardeur
Donne naissance au dueil dont ma vie est battue,
Si que de son pouvoir mon ame estant vaincue,
Il faut qu’ayant d’Amour j’aye ausi de douleur.

On dit qu’un mal extreme emporte nostre vie,
Mais depuis qu’à tes yeux mon ame est asservie,
Une extreme douleur me donne mouvement.

Toutesfois doux Soleil puis qu’en ton beau servage
Aux escueils des soucis mon repos fait naufrage,
Et la cause, et l’effect me plaist esgallement.

XLVI.

Despuis que ce bel œil Roy de ma liberté
Blesse d’un traict vainqueur mon ame prisonniere,
Je me va consumant en si douce lumiere,
Qu’Amour mesme est jaloux de ma felicité.

Mille fubtils esclairs couronnez de beaute,
Volent si doucement soubs sa belle aupiere,