Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/107

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LIV.

Las ! que ne tranches-tu le fil de ma douleur,
Ou que ne brusles-tu le tison de ma vie,
O Ciel ! puis qu’eslongné de ma belle ennemie,
Le dueil sur mon repos marche d’un pied vainqueur ?

Si tost que de mon fort l’imployable rigueur
M’eut sa veue et ma gloire injustement ravie,
Ce dueil me desroba et l’espoir et l’enuie
De vivre estant privé de lumiere et de cœur.

De l’Aube au teint vermeil la nuance plus claire
N’est point belle à mes yeux, car qui me pourroit plaire,
Loin de ses chers appas dont mon ame se plaist ?

O Ciel ! que si ma plainte à ton oreille arrive,
Rends moy le doux plaisir dont l’absence me prive,
Ou oste-moy la vie ainsi que le subject.

LV.

Doncques j’ay ta lumiere et ma gloire perdue,
Agreable Soleil de mes yeux et d’Amour,
Donc j’ay peu sans mourir m’eslongner du sejour,
Où du trait de tes yeux mon ame fut vaincue.

Ciel ! que si ta rigueur m’esclipsa de sa veue,
Pourquoy vas-tu cruel prolongeant mon retour ?