Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/110

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Ou sera-ce plus tost de la fatalité,
Complice du vainqueur qui m’a l’ame ravie ?

De l’Amour ? c’est en vain, il se rit de mes cris,
De ma belle ? ses yeux font armés de mespris,
Du destin ? je m’oblige aux loix de la souffrance.

Plaintes donc loin de moy, vous elles sans raison,
Car quiconque se plaint d’une si belle offence,
Est indigne de vivre en si belle prison.

LIX.

Souspirs où lancez-vous ces piteuses attaintes ?
Et vous mes tristes yeux miroirs de mes douleurs,
A quoy faire couler ces fontaines de pleurs,
Puisqu’Amour se repaist de larmes et de plaintes ?

Espoirs entresuivis de soupçons et de craintes,
Dont les divers assauts aigrissent mes langueurs,
Pourquoy nourrissez-vous ces ingrates ardeurs,
Et r’enchainez mon cœur de nouvelles estraintes ?

Temeraire geant du feu d’Amour epris,
Aptes estre frappé du foudre du mespris,
Tu veux donc relancer ta pointe audacieuse

Au ciel de ses beautés qui me vont consumant ?
Vain desir meurs et dis, Belle victorieuse,
Si j’ay vescu d’Amour, je meurs en bien aimant.