Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/109

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LVII.

Depuis que de mes jours la trame est retournée,
Loin de ce beau Soleil mon unique vainqueur,
Mon visage terni ressemble à une fleur,
Que l’orage a touchée au bout de la journée.

D’un renaissant soucy mon ame espoinçonnée,
Et par le trait aislé des foupirs de mon cœur,
Pousse fa plainte au ciel dont l’injuste rigueur
De l’imployable mort sa pointe a destournée.

Mes yeux par la douleur eschangés en ruisseaux,
Pleurent l’eslongnement de ces astres jumeaux :
Mais pour vaincre mon dueil ce sont de faibles armes.

Mais quoy ? si en perdant le beau jour de ses yeux,
Je perdis tout sinon les souspirs et les larmes,
Seul et triste remede à mon cœur soucieux.

LVIII.

O Ciel qui vas filant la trame de ma vie
De qui me dois-je plaindre en ceste extremité ?
Sera-ce de l’Amour par qui ma liberté
Fut au joug de sa loy tristement asservie ?

Sera-ce de ma belle si farouche ennemie,
De qui les doux appas me tiennent arresté ?