Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cede au souffle vainqueur du vent fils de ma peine,
Qui eschange mes fleurs en chardons soucieux.

Maintenant que cest astre à mes yeux n’eslincelle,
Ce trait victorieux de ma peine cruelle
Chasse mon doux repos et mon contentement.

Ne te plains donques plus ; car parmy ceste absance
Il faut de ces beautés perdre la souvenance,
Ou souffrir les ennuis de leur eslongnement.

LXII.

Puis que de mon destin l’imployable rigueur
M’a ceste belle aurore injustemert ravie,
Je sacrifie au dueil le resle de ma vie,
Et ne veux desormais respirer que douleur.

Son chaste souvenir idole de mon cœur,
Retiendra nuit et jour ma pensee asservie,
Et de mille soucis mon ame entresuivie,
N’aura pour son repos qu’une fiere langueur.

Seine aux flots doux-coulans grossira de mes larmes,
Et si pour me blesser mon vainqueur n’a point d’armes,
Moy-mesme en forgeray pour en aigrir mon dueil.

Ainfi ayant perdu et mon mirthe et ma gloire,
Ainçois moy-mesme ; ô Dieux, je veux jusqu’au cercueil
Et pleurer ceste perte, et cherir sa memoire.