Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/113

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LXIII.

Le soleil ne voit rien en faisant sa carriere,
De qui l’orgueil s’esgale à cet œil mon vainqueur,
Toutesfois son mespris m’est un trait de faveur,
Et pais de son poison mon ame prisonniere.

Ce Soleil ennemy de la belle escumiere,
Laschant pour des regards des foudres de rigueur,
Rend plus chaud le desir qui possede mon cœur,
Et mon ame obstinée à sa perte premiere.

Jazon dans les hazards ravit la toison d’or,
Et parmy son trespas le fortuné Medor
Se vit l’unique Roy d’Angelique la belle.

Que Sçay-je si le Ciel qui file mon destin,
Me reserve en Amour une pareille fin,
Que je sois en aimant vainqueur de ma rebelle ?

LXIV.

Alors que j’esloignay l’astre qui m’a seduit,
L’Aurore avoit desia ses lumieres descloses,
Et l’Orient semé d’un milion de roses
Annonçoit la retraite aux flambeaux de la nuit.

Sur le point du despart le fort m’avoit reduit,
Et mes felicitez dans un moment encloses