Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/125

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Il n’est rien de si beau que fon œil dont la grace
Retient ma volonté soubs le joug de sa loy :
Car lors que son regard doucement sur moy passe,
Esgal aux plus grands Dieux s’estoufe mon esmoy.

Comme l’ombre s’enfuit au leuer de l’Aurore,
Amf: mon dueil s’escarte au jour de mon Soleil ;
Je beny toutesfois le soin qui me devore,
Quand l’absence me plonge aux nuits d’un long sommeil.

Ainsi quand je ressens la pointe langoureuse
D’un trait, las ! ce n’est point le trait de mon vainqueur,
Mais du chaste regard de ma belle impiteuse,
Par qui j’ay de l’amour, de gloire et de douleur.


STANCES.


Parmy les sombres nuits du triste eslongnement,
Où je n’ay que le dueil pour compagne fidelle,
Helas ! je ne vis point, ou je vis seulement
Par le cher souvenir de ma douce rebelle.

Aussi le jour plus beau n’est point beau à mes yeux,
Quand je fuis esloigné du bel œil qui m’esclaire,
Et dis (cillant ma veue à la clarté des cieux)
Dois-je voir autre object que ma belle adversaire ?

Lors espoint de regret de me voir separé
De l’œil que je reclame au fort de mes alarmes ;
Je pleure mon malheur, et mon œil esgaré
Cherche, las ! mais en vain le subject de mes larmes.