Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/128

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Mais parmy ces soupçons dont la rigueur m’afolle,
Je rebouche leur pointe et me dis bien heureux :
Car comme il ne se voit une si belle idolle,
Il ne se trouve aussi plus fidelle amoureux.


STANCES.


Que de chastes douceurs luysoient dedans ses yeux,
Que de jeunes Amours essoroient leurs plumages
Sur ce front enrichy des despouilles des Dieux,
Bref que de doux presages !

Mais ô ciel que d’esclairs d’un injuste mespris,
Font naistre de soupçons dont la rigueur m’entame ;
Car si l’espoir me rend du feu d’amour epris,
La peur glace mon ame.

D’un vagabond penser les importuns affauts
Violantent mon ame en creance legere,
Et semble seulement que pour forger mes maux
Je pense à ma guerriere.

En ce triste combat de la chaine et d’Amour,
Pour qui mon doux espoir contrepointe ses armes,
Je dessends les regards à mes deux yeux sans jour,
Et leur permets les larmes.

Un trop juste regret qui me ronge le cœur
Fait avorter ma plainte au point de sa naissance,
Sans plus mes chers souspirs alegent ma douleur
En plaignant mon offance.