Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/131

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Si de mon cher soucy la douce violence
Desrobe tristement un souspir à mon cœur,
Je crains d’avoir rompu les loix de mon silence,
Et soubs un feint sourir je cache ma douleur.


STANCES.


Abattons ces autels et ceste vaine idole,
Jettons la poudre aux yeux de la fidelité,
Je me suis trop repeu d’une esperance folle,
Reviens encor chez moy, ô douce liberté.

Cher desdain qui destruits les amours plus solides,
Et avec l’eau d’oubly estains le feu d’Amour,
Vien marcher sur le front de ces beautés perfides,
Et en lieu de respect fais chez moy ton sejour.

Chasse le souvenir de ceste belle ingrate,
Et brise les liens qui jadis m’avoient pris,
Je veux avecque toy que mon ame combate
Ceste fiere beauté des armes du mespris.

Si j’ay sans jugement aux rais de son visage
Fait volontaire bris de ma verte saison :
Je veux brisant mes fers reparer mon dommage
Et rappeler encor ma premiere raison.

Qu’elle ne quitte point celle humeur vagabonde
Qui rend sa volonté girouette à tous vents,
Je siray en amour plus muable que l’onde,
Et mes vœux comme flots iront s’entresuivants.