Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/132

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Qu’elle range son cœur au joug de l’inconstance,
Je me donne au mespris de son courage hautain :
Et ne veux desormais avoir de souvenance,
Sinon pour la fouler soubs les pieds du desdain.

Si par mille souspirs mon ardeur tesmoignée
A fait voir que mon cœur vivoit de ses beaux yeux,
Ores que son amour s’est de moy esloignée,
Je brave ses appas et me ris de ses feux.

Au point que je la vis ceste belle trompeuse,
Je dis Brulons au feu de cest astre si clair :
Mais je ne sçauois point combien est dangereuse
L’humeur d’une beauté plus legere que l’air.

J’ay eu autant d’amour qu’elle a esté fidelle,
Et j’ay rompu mes fers sitost qu’elle sa foy,
Et ne veux desormais recevoir la loy d’elle,
Puisqu’elle ne veut plus la recevoir de moy.


STANCES.


Afollé d’un soucy dont la pointe acerée
Ne peut trancher le fil de mon malheureux sort,
Je reclame le Ciel d’une plainte alterée,
Mais rien ne m’est si doux que l’espoir de la mort.

Je serois moins sensible au regret qui me tue
Si j’avois moins d’amour loin de mes doux vainqueurs,
Mais en me separant du beau jour de leur veue,
Mon amoureux desir redouble ses ardeurs.