Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ny un sentier ombreux tapissé de verdure,
Ny d’un flot enroué l’agreable murmure,
Ny un antre mossu, ny les taillis plus beaux,
Ny le doux gazouillis d’un million d’oiseaux,
Qui saluent le jour aussi tost que l’aurore
De ses premiers rayons l’Orient recolore,
Ne peuvent reboucher les traits de la douleur,
Qui sur mon doux repos marche d’un pied vainqueur.

J’apprends d’une voix triste aux rochers solitaires
Que mes volontés sont à l’Amour tributaires ;
Qu’idolatre j’adore une jeune beauté
Royne de mes desirs et de ma liberté
Aux bords plus reculez je sanglorte mes plaintes,
Et l’onde qui ruissele (insensible aux attaintes
De l’imployable Amour) gemit avecque moy,
Le Zephire molet touché de mon esmoy
Joint ses souspirs aux miens, mais las ! ceste farouche
Est à mes justes cris vite insensible souche.
J’ay beau sur le matin, au point que le Soleil
Esmaille l’Orient d’un beau lustre vermeil,
Tout ainsi qu’une Avete aux plus vertes prairies,
Picorer le tresor de leurs moissons fleuries,
Choisir entre les fleurs un œillet rougissant,
Une rose vermeille ou un lis blanchisant,
L’offrir à ma bergere, impiteuse ennemie,
Ainçois avec les fleurs ma tributaire vie,
Las ! je n’advance rien, un injuste mespris
Me sert de recompense ; ainsi je vis espris