Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/302

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Silvandre, responds-moy, faut-il que ta Silvie
Despande soubs tes loix le plus beau de sa vie,
Sans que son amour puisse adoucir ta rigueur,
Et que tout le loyer de ma chaste langueur
Ne soit que le desdain de ton ame insensible

Silvandre

Silvie, que dis-tu, moy n’estre point sensible
Aux doux traits de l’Amour ? et moy ne souffrir pas
Pour un Astre jumeau vit millier de trespas ?
Tu m’offences, Silvie (helas ! belle inhumaine
Cleande, tu le sçais) mais ta poursuite est vaine.
Ne m’importune plus, tes plus douces faveurs
Ne m’ont peu asservir. Les pudiques rigueurs,
Les mespris, les desdains de ma belle Bergere,
Ont rendu de ses loix mon ame tributaire ;
Elle est seule mon bien, ma vie, mon souci ;
Doncques Silvie en vain tu me retiens ici,
Laisse moy dans ces bois chercher quelque rivage
Ou je puisse adoucir le dueil de mon servage.

Silvie

Te laisser, cher Silvandre, ha ! se peut-il, Amour ?
Non, sans perdre la vie et la clarté du jour.
Tu fuirois donc : en vain, ma fidelle pensee
Te suivroit pas à pas ; mais ton ame blessee
Du beau trait de cest œil qui t’a si bien ravi,
Et dessoubs ses rigueurs doucement asservi,