Las ! possible plains-tu mon amoureux tourment,
Et moy je plains le dueil qui posede ton ame,
Toutesfois nous bruslons d’une inegale flame ;
Car ta pitié ne peut adoucir ma langueur,
Non plus que moy guerir la playe de ton cœur.
Silvandre.
Cherche ailleurs du repos à ton ame alegee :
De moy, las ! je ne puis ta douleur aleger.
Rien ne peut à l’Amour mon enuie obliger
Que ma belle Cleande : adieu doncques Silvie.
Tu fuis impitoyable, ha ! meurtrier de ma vie.
Mais souffriray-je, Amour, cest injuste mespris ?
Non j’injure le Ciel et la belle Cipris :
Puis que l’aigre loyer de mon obeissance
Est un ingrat desdain et une injuste offance,
Vengeons-nous de ce monstre ennemy du plaisir,
Qui prefere à l’effect un insensé desir,
Les espines aux fleurs, et aux fruits le feuillage ;
Je brise donc les fers de mon ingrat servage,