Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/308

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Se rit de mes travaux, et se paist de mon dueil.
Mourir ? ouy il le faut, et vaincre son orgueil
Par ma fidelité : impiteuse Cleande,
Enfin il faut helas ! que mon urne te rende
Son amoureux trbut, il le faut, mais pourquoy ?
Pour estre inviolable en ma pudique foy,
Toutes fois satisfait je me meurs : ha ! cruelle,
Est-ce donc le loyer d’une amitié fidelle ?
Mais soit, mourons.

Cléande

Mais soit, mourons.J’entends une plaintive voix,
Serait-ce toy Silvandre ? ouy, c’est luy, je le vois,

Silvandre

Heureux trois fois ce tour le dernier de ma vie !
Mais qui t’ameine icy, belle et fiere ennemie ?
Est-ce pour voir mourir ton fidelle Berger ?

Cléande

Te voir mourir Silvandre, ha ! non, ains t’alleger.

Silvandre

Toy alleger mon mal ? belle victorieuse
He ! ne rangreges plus ma playe langoureuse,
Et vois comme fidelle à tes pieds abbatu,
Par le fier desespoir tristement combatu,
Je cede à la douleur, pour conserver entiere
La foy qui retenoit mon ame prisonniere