Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/319

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De mon astre ascendant ne rendit mon vouloir
Rebelle au joug cruel de ton tiran pouvoir ?
Mais ce n’est point de toy que mes maux ont leur source,
C’est de Silvie helas ! plus farouche qu’une Ourse,
Plus superbe qu’un Paon, plus muable cent fois
Que les flots de la mer, ou les fueilles des bois,
Et plus rude aux desirs de mon ame amoureuse
Qu’un chardon espineux : c’est de ce ceste impiteuse
Que mes maux ont naissance, et par elle sur moy
Pratiquent nuit et jour leur tirannique loy,
Assaillent mon repos, me livrent mille alarmes,
Et soubs les tiedes flots de mes piteuses larmes
Engloutissent mon ame, et bref, font de mon œil
Un funeste ruisseau de larmes et de dueil ;
C’est d’elle, non de toy, que la pointe effielee
D’un juperbe mespris fit prendre la volee
A mon jour vers le soir, d’où un espoir flateur
Le retira soudain, las ! c’est de sa rigueur
Que l’homicide trait blessa trois fois mon ame :
Et il semble pourtant qu’ores je la reclame,
Que pour guérir ma playe il mefaille courir
Vers celle qui me fait injustement mourir.
Ha ! non j’ay trop souffert ; sa rigueur et ma peine
Sont à l’extremité ; face ceste inhumaine
Que son œil soit armé d’un injuste mespris,
l’estaindray le brasier dont mon cœur est espris,
Je reprendray... helas ! tu n’as point de puissance,
He ! comment retirer ta serve obeissance
Du joug de ses beautez, si tu n’as plus de cœur,