Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’ame et de volonté ? Je pasme de douleur,
Je me meurs, hé ! ô Ciel ! Il faut donc, ma Silvie,
Que j’aille limitant la course de ma vie
Aux nœuds de ta prison, il faut donc que ton œil
Soit l’unique flambeau qui m’esclaire au cercueil :
Mais, que n’est ton regard ou moins cher à mon ame,
Ou plus doux au desir dont l’agreable flame
Me brusle nuit et jour : et que n’est ta beauté
Propice aux chastes vœux de ma fidelité ?
Helas ! il ne se peut, ton ame est insensible
Aux doux traits de l’Amour, et un lion (possible)
Auroit plus de pitié que ton cœur, mille fois
Plus sourd qu’un vieux rocher qui se rit des aboys,
Et du choc ondoyant des vagues courroucees,
Contre son pied boueux par l’Aquilon poussees.

Mais à quoy me resoudre à ceste extremité,
Dois-je rompre les fers de ma captivité,
Ou si je dois forcer ma serve obeissance
De gemir soubs le joug d’une triste souffrance ?
Languiray-je tousjours soubs l’amoureuse loy ?
Non, mais qui pourra donc alleger mon esmoy ?
Non, mais qui pourra donc alleger mon esMoy.
Toy, ha ! fille de l’air, ta puissance est trop vaine,
Mais que dois-te esperer de ma belle inhumaine ?
Mais que dois-te esperer de ma belle inHaine.
Cruelle est-ce ainsi donc que tu veux alleger
Le soin dont je me sents et nuit et jour ronger ?
Est-ce ainsi que tu veux adoucir mon martire ?