Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/328

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Plus les antres mossus, ny les taillis plus beaux,
Ny les airs fredonne ; de mille et mille oyseaux,
D’un seul trait de plaisir ne chatouillent mon ame :
Toy seule à mon fecours à tour point je reclame,
Comme le seul subject d’où coulent mes plaisirs,
Subject dont la beauté fist naistre mes desirs.
Mais pendant que je seme ainsi que sur l’arene
D’inutiles discours, ma langoureuse peine
Redouble ses affauts, et mes tristes sanglots
Aigriffent le souci dedans mon ame enclos :
Toutes fois cher Soleil ta lumiere esclipsee
Luit seulement aux yeux de ma triste pensee.
Je ne sens pas le trait de ton bel œil vainqueur
D’une pointe de miel me traverser le cœur :
Je me meurs de langueur ; fors quand mon ame vole
Sur aisle d’un souspir vers toy, ma belle idole :
Mais jà deux fois l’Aurore au bord de l’Oriant
A fait luire les rais de son œil doux riant,
Le Soleil par deux fois a esclairé le monde,
Et deux fois replongé son char doré dans l’onde,
Sans que ton œil jumeau, cher astre de mes yeux,
Ait chassé les ennuis de mon cœur soucieux.
Las ! mais s’il est donc vray que tu rn’aymes, Cleande,
Pourquoy vas-tu souffrant que mon ame respande
Tant d’inutiles pleurs ! si que mille souspirs
Donnent air à l’ardeur de mes bouillants desirs ?
Pourquoy vas-tu souffrant que ma plainte eslancee
Ne touche de pitié ta legere pensee ?
Legere, ha ! qu’ay je dit ? belle pardonne moy :