Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/327

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Soit mourons ; toutes fois si je finis mon jour,
Sçachez, Bergers, que c’est par un exceds d’Amour.


Scène 2

Silvandre

Où luys-tu, cher Soleil, mon ame et mon idole ?
Viens alantir l’ardeur du desir qui m’affole.
Ha ! Silvandre, tout beau : que la discretion
Ne cede point aux traits de ton affection !
Mais, où es-tu Cleande ? hélas ! que ton absance
Est fascheuse à mon cœur que se paist d’esperance !
Le jiour le plus luysant m’est une ombreuse nuit,
Depuis que ton bel œil dessus moy ne reluit,
Le soin de mon troupeau de mon ame s’estrange,
Et mon œil jà tari en fontaine se change ;
Le murmure enroué de ce cristal perleux
Ne m’est plus agreable, et cest esmail fleureux,
Dont ce beau pré se pare au lever de l’aurore,
Me plaist encore moins : un souci me devore,
Un desir de te voir s’est fait Roy de mon cœur,
Et moy en ton absance esclave de douleur.
On n’oyt plus retentir au son de ma musette
Ces ombreuses forests : ton souvenir m’arreste
En ce seul point d’espoir de voir reluire encor
Toy, ma belle Angelique aux yeux de ton Medor.
Plus sur l’esmail pourprin de ces herbeux rivages
Je n’hume la douceur de ces ombreux fueillages,