Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/330

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Ces larmes dont le cours inutile à mon dueil
Trame avec joy mes jours dans le triste cercueil,
Disipez doucement ceste pleureuse nue,
Rasserenez le jour de vostre sombre veue,
Et r’appelel (mes yeux) vos regards esgarez :
Et ton triste tableau où mes maux peinturez
Tesmoignent que mon ame aux langueurs asservie
Ne respire que l’air d’une amoureuse enuie,
Mon front deride toy puis qu’il faut que le fort
Bleffe aujourd’huy mon cœur du noir trait de la mort,
Ou que de mon Soleil la clarté desiree
Dissipe mon ennuy dont la force empiree
Me foule soubs les pieds de sa fiere rigueur.
Las ! mais ne vois-je pas ce bel astre vainqueur
Que le charme adouci du repos ensorcelle,
Sur le bord esmaillé de ce flot qui ruisselle ?
Beau Soleil qui fais naistre et mourir la clarte,
Vis-tu rien de pareil à la douce beauté
De ce teint où le lis se mesle avec les roses,
Par les mains de l’Amour mignardement escloses !
Vis-tu rien de pareil à ce corail jumeau
Dont l’aimable douceur peut tirer du tombeau
Ceux qu’un excez d’Amour auroit privé de vie ?
Vis-tu rien de pareil à ma belle ennemie ?
Vis-tu rien de si beau que ce double sourcy,
Qu’une Ebene voutee a doucement noircy ?
Bref, vis-tu rien d’esgal à ce front, où la grace
Avecque mille attraits mignardement se place ?
Non, car les beaux rayons de ton œil, Dieu du jour,