Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/340

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Ainçois un rude tronc de qui la froide escorce
N’obeit à l’Amour, dont l’agreable amorce
Alechant ses desirs le repaissait d’espoir.

Philis

Cleande, je ne crains Amour ny son pouvoir,
Mes yeux n’ont point d’object que la chaste Diane,
Elle seule j’adore, et j’estirme prophane
L’hommage que l’on rend à l’impudique Amour.
Mais adieu, c’est trop fait d’inutile sejour
Pour si fiesle subject.

Cléande

Pour si fiesle subject.Va, Philis insensee,
Fuis plus fiere cent fois que la mer courroucee,
Tu sçauras à la fin que peut Amour, vainqueur
Des hommes et des Dieux. Mais où es-tu, mon Cœur,
Silvandre, mon soucy, mon bien, mon tour, ma vie ?
M’auras-tu pour longtemps ta presence ravie ?
Non, car tu ne sçaurois vivre eslongné de moy,
Ny mon cœur respirer, ni ton bel œil, mon Roy,
Ne luit au mien changé en un ruisseau de larmes ;
Reviens donc appaiser ces cruelles alarmes,
Qui troublent mon repos en ton eslongnement,
Ou je croiray qu’Amour ne blesse esgalement
Ton ame, que j’estime à mes fers prisonniere.
Silvandre, à quoy tient-il que ma juste priere
Ne te rende sensible aux traits de la pitié,
S’il est vray que le feu d’une chaste amitié