Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/355

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Accompagne le cours du Rosne enflé d’audace,
A veu le pale effroy imprimé sur sa face.
Sone, de qui les flots se roulent doucement
A, touché de pitié, coulé plus lentement
Allier et Loire aussi sont tesmoins de sa fuite,
Et la Seine profonde a borné ma poursuite.
Là Silvandre peureux recreu don si long cours,
Esteindra par l’oubly le feu de ses amours ;
Sans doute, et moy vainqueur de ma belle inhumaine,
l’estoufferay enfin ma langoureuse peine.
Allons donc voir Cleande : he ! nom, que tu m’es doux !
Allons enfin calmer l’imployable couroux
De son front, le meurtrier de mon ame emoureuse,
Allons enfin revoir celle belle impiteuse,
Et mourir à ses pieds, si sa chere beauté
S’arme tousjours pour moy d’injuste cruaute.

Cléande

Ha ! Bouc impitoyable et monstre de nature,
Tu m’as doncques ravy la douce nourriture
De mon ame aservie aux lois de mon Berger,
Tu l’as doncques reduit en un bord estranger,
D’où l’agreuble trait de sa plainte amoureuse
Ne pourra point toucher mon ame langoureuse,
D’où l’amaible clarté de ses yeux, mes flambeaux,
Ne pourra soulager les miens, pleureux ruisseaux,
D’où sa voix, cher oracle aux desirs de ma vie,
Ne pourra soulager mon amoureuse enuie !