Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/362

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Phlis fut justement en un rocher changee,
Bien que mon ame fut doucement engagee
Pour Silvandre mon Roy, toutes fois redoutant
La vengeance du ciel, je sortis l’instant
De la douce prison de mon ingrat Silvandre.
Et soudain à Trsis mon ame s’alla rendre,
Las ! plus tost par pitié que non pas par Amour !
Moy qui avois esté insensible tousjour,
Et qui n’avois pour luy qu’un mespris de mon ame,
Je me rendis alors favorable à sa flame :
Mais lors il se rendit insensible pour moy,
Il mesprisa mes vœux, retirant de ma loy
Sa liberté pressee, il s’eloigna ; chetive,
He ! faut-il cependant qu’en ces ennuis je vive
He ! faut-il que je souffre un mespris dont, helas !
Le seul penser me donne à tout point le trespas ?
Ouy Cleande, il le faut. puis que la destinée,
A me nuire tousjours sicrement obstinée,
Me force à le souffrir, toutes fois si mon cœur
S’alume jamais plus d’une amoureuse ardeur,
On verra le soleil privé de sa lumiere.
Je reprends desormais ma liberté premiere,
Je brise les liens qui m’ont autrefois pris,
Et foule mes vainqueurs soubs les pie ds du mespris :
Mais afin que le temps ny les promptes journee
Ne puissent par le cours des legeres annees,
Engoufrer soubs l’oubly ma fiere volonté,
Je veux pour tesmoigner ma douce liberté,
Grimer fur ce rocher : SI L’AMOUR ME SCEUT PRENDRE