Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/363

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PAR L’INVINCIBLE TRAIT DES BEAUX YEUX DE SILVANDRE,
MAINTENANT JE LE BRAVE ET NE CRAINS SON POUVOIR.

Cléande

Eh moy qui n’ay d’Amour, d’ame, ny de vouloir
Que pour luy seulement, sur ceste roche dure
Je burine ces vers : BIEN QU’EN AYMANT JE MEURE,
LA MORT POURTANT ME PLAIST, ET MA TRISTE LANGUEUR
M’EST SI CHEREMENT DOUCE ET ACREABLE AU CŒUR,
QUE JE VEUX QUE LA TERRE ET LE CIEL MESME ENTANDE
QUE SILVANDRE EST LA VIE ET L’AME DE CLEANDE.
Mais quand reviendra-t-il ce bel astre d’Amour,
Redonner à mes yeux leur ordinaire jour ?
Quand verray-je mon ame, aux langueurs asservie,
Reprendre en le voyant et l’espoir et la vie ?
Quand verray-je son œil amoureusement beau
Adoucir ma langueur, et comme un clair flambeau.
D’un regard plain de traits disiper mon martire ?

Silvie

Cleande, le Soleil, qui des-jà se retire,
Semond à la retraicte et nous et nos troupeaux,
Vois-tu pas dans le Ciel reluire les flambeaux,
Dont la ombre clarté d’ombres environnee,
Va chassant peu à peu la luisante journee ?

Cléande

Allons, mais paravant que partir de ces bois,
Je veux encore un coup, par le trait de ma voix,