Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/381

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Helas ! il crains ainsi qu’au calme de ma vie
Par le courroux de Dieu tu ne me sois ravie,
Object de sa justice, et non de son amour.

Mon ame, il est jà temps de sortir de servage.
Fuy-donc, mon ame, fuy, et change de sejour,
Cependant que tu peux esviter le naufrage.

X.

A quel point de malheur me trouve-je reduit
Je voy mon bien reluire au delà du rivage
De ce monde pipeur, et faute de courage,
Esclave de peché je croupis dans la nuict.

Je cognais qu’à tour point mon age se destruit,
Que mon fresle vaisseau approche du naufrage,
Sur mon coupable chef je vois fondre l’orage
Et je ne crains pourtant l’ennemy qui me suit.

Si pour voler au ciel je mets au vent mes aisles,
Vite plage les mouille, et les pointes nouvelles
De ma devotion je rebouchent soudain.

Las ! faut-il que vaincu de ces craintes mutines,
Que m’empestrent encor en ce charme mondain,
Je delaisse les fleurs pour crainte des espines !