Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/396

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De mon fier ennemy n’aura plus le pouvoir
De marcher sur le front de mon chaste vouloir.
Et que, Roy de mon cœur, je verray mes pensees,
Devers mon doux Jesus sainctement eslancees,
M’eslever de la terre et me porter aux cieux,
Espris de son amour tousjours victorieux
De voir mon adversaire et les appas du monde :
Las ! ne verray-je point mon ame vagabonde
Arrester sa carriere au point de vostre amour,
Grand Dieu qui conservez les tisons de mon jour ?
Jamais : si par le traict de vostre douce veue
Vous ne touchez mon ame au monde retenue
Par les trompeurs appas de mille vanitez,
Qui pressent soubs leur joug mes serves volontez :
Jamais, si vostre amour ne destruit leur puissance
Et ne se rend vainqueur de mon obeissance.


STANCES


Combien de fois, mon Dieu, mes volages desirs
Au point de vostre amour ont borné mes plaisirs,
Quand d’une adversité j’avois l’ame blessee,
Et quantes fois aussi mon esprit consolé
S’en est-il loing de vous au monde revole
Oublieux de sa foy indignement faucee ?
Mais las ! combien de fois pitoyablement doux,
Avez-vous destourné vostre juste courroux
De mon ame esgaree aux dedales du monde,
Sans que mon cœur sensible aux traicts du repentir,