Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/398

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Nos jours d’un pied venteux empoudrent leur carriere,
Aussi tost que le ciel defferme la barriere
A l’aage qui s’envole aussi prompt que le vent :
L’un meurt à son aurore, et l’autre voit sa course
Bornee à son midy, toutesfois sans ressource :
Car qui vient à son soir ne retourne au Levant.
Si tost que la nature aux mortels secourable
Nous faict voir la clarté, la mort inseparable
Accompagne nos pas, comme l’ombre le corps ;
Que s’il te faut mourir, ô homme embrasse-nue,
Ou est ton ame ? Helas ! qu’est-elle devenue ?
Loing, bien loing de ton Dieu, esclave des tresors.
Les grandeurs, les plaisirs sont tes cheres idoles :
Apres le vent d’honneur insensé tu t’affoles,
Et tes yeux pour object n’ont que la vanité ;
Las ! mais ne sçais-tu pas qu’à la fin ces delices
Dont tu jouys un temps, deviennent des supplices
Limitez seulement avec l’éternité !


DISCOURS


Belle et pudique estoile en la mer de ce monde,
Qui reguides au port la course vagabonde
De ma nef esgarée, aurore dont le jour
Enfanta chastement le doux Soleil d’amour ;
Il est temps que vostre œil face luire en mon ame
Un rayon de pitié, et que sa chaste flame
Espure nia pensée et mes sales desirs.
Il est temps d’estouffer les ravissants plaisirs